Suis-je croyant ?


Je n’en sais rien.

Je suis en fait agnostique, comme de plus en plus de gens autour de moi. C’est à dire que je crois en quelque chose au-dessus de moi. Et « au-dessus » ne signifie pas forcément dans le ciel, mais au-delà de ma perception et de mon intelligence (qui, comme vous le savez, est immense). Mais je ne me reconnais plus dans l’Eglise, ni dans aucun des cultes proposés. Sauf peut-être les Jedis...

Tout d’abord, j’ai été baptisé. C’est-à-dire qu’on a décidé pour moi que je serai catholique.
Puis, quand j’étais gamin, au siècle dernier (bin oui, quoi), je suis allé au catéchisme, comme tous mes copains. Là, on apprenait la vie de Jésus et la Bible racontée aux enfants, surtout au travers d’anecdotes, genre « images d’Epinal ». On nous enseignait que Jésus faisait des miracles, Moïse aussi et que la Terre avait été créée en six jours. Mais j’étais à l’âge où un garçon aime bien tout démonter pour comprendre comment ça marche (sans assurance de savoir le remonter, d’ailleurs) et je ne cessais de demander « Pourquoiaaaaa ? ». D’autre part, je m’intéressais beaucoup aux dinosaures, à la préhistoire. Au moment de faire ma communion solennelle, je refusai finalement. Les miracles, la Genèse allait à l’encontre de ce que j’avais lu sur la Préhistoire et sur les sciences. Ca ne collait pas, je ne pouvais pas y croire. Je refusai de participer à cette mascarade. Ma grand-mère qui m’avait déjà acheté une Bible à couverture en cuir, m’en a beaucoup voulu.

Quelques années plus tard, mes copains de classe me racontaient qu’ils allaient passer de super vacances en camp de jeunes organisées par l’aumônerie, dirigée par le curé de choc local, Maurice. Ca a été une période de vacances effectivement extraordinaires, dans un joyeux bordel organisé, à la découvertes d’endroits inconnus, et en plus pas chers, ce qui constituait un autre avantage pour mes parents. Au fait, malgré le manque absolu dans ces camps d'hygiène, de sécurité, de surveillance, personne n'a jamais été violé... Ces camps étaient par contre à forte dominante catholique. Nous avions chaque jour des réflexions philosophico-religieuses et aussi une messe, que nous préparions nous-mêmes. J’y ai vu des gens prier avec une ferveur impressionnante. J’ai vu une fille se mettre à parler dans une langue inconnue et ne pas s’en souvenir. J’ai moi-même parfois ressenti comme une présence, cru recevoir des réponses à mes questions. Bon, on a aussi fait tourner des verres, interrogé les esprits des morts, fumé, bu, b… Mais surtout, je me suis senti appartenir à une communauté de gens chaleureux. Et je décidai de refaire ma confirmation, que j’avais refusée auparavant.
Et puis il y eut les études qui m’ont éloigné du groupe et là je me suis mis à bouger pas mal. J’ai changé de maison et d’appartement assez souvent, de département, de job, de bagnole, de banque, de coiffeur, de passions, de certitudes. J’ai aussi fait des gosses, pas tous avec la même maman. Il semblerait que je me sois calmé et que j’aie atteint une certaine stabilité.

Je me suis aussi mis à écrire, surtout du jeu de rôles, j’en ai déjà parlé. Pour cela, je me suis documenté sur les autres pays, les autres civilisations, les autres religions. J’ai acheté le Coran, le Zohar et j’ai comparé avec la Bible. Bon j’ai pas tout lu, loin s’en faut,, ce n’est pas vraiment le genre de bouquin qu’on peut comprendre tout seul et le problème est que souvent celui qui explique est déjà de parti pris. Et si c’est un fondamentaliste, alors…Bon, il faudrait que je me mette au Mahabarata (il y a un « â » quelque part, mai je ne sais jamais où) mais plus tard. D’abord, j’ai constaté que contrairement à ce qu’essayait de me faire croire, le message global n’était pas tellement différent. C’était toujours « calmez-vous, aimez Dieu, faites la paix et des gosses ». Je me suis intéressé à l’Alchimie (tiens, c’est bien comme sujet de billet pour plus tard, ça, je le note) et son Grand Œuvre et en écrivant des histoires, j’ai échafaudé mes propres au-delàs. Je fréquentais assidûment La Procure et le Quartier Latin de Paris, autant pour ses boutiques de jeux de rôles que pour ses librairies ésotériques et ses bouquinistes.

J’ai notamment découvert Jean Bottero. Ancien prêtre, archéologue, spécialiste de l’explication de la Bible et de Sumer et Babylone, il a notamment traduit le code d’Hamourabi. Il a aussi décrit comment avait probablement été créée une religion nouvelle , dans quelles conditions, qui a fédéré des errants, moitié nomades, moitié brigands du désert. Cela, au passage, ne l’empêchait pas de continuer à avoir la foi. Il a montré comment l’ancien testament est pour beaucoup fortement inspiré de textes plus anciens, en changeant juste les lieux, les acteurs et les dieux. Les anciens dieux devenaient au passage des démons. Tout ce qui précède Abraham ressemble plus à une allégorie destinée à expliquer le monde à des esprits simples, qu’à la réalité. Mais le peuple aime les contes de fée. Et franchement, pour y croire, il faut vraiment être américain…

Si on observe la Nature, il y a toujours un équilibre, tout le monde vit en symbiose dans le même monde. Mais est ce que le lion s’intéresse à ce qui ne se mange pas ? Il s’en fout. Faut juste pas le chercher. Tenez, imaginez un arbre. D’où vient-il ? D’une graine, probablement gobée par un oiseau, qui l’a ch… déféquée plus loin. La graine a trouvé un environnement propice, a germé, poussé, est devenue un arbre. Dans ses branches, des oiseaux ont fait leur nid, des insectes leur colonie, des acariens leur monde, des gamins leur univers dans une cabane. Pour cet arbre, qui est Dieu ? L’oiseau ? Qu’est-ce que la genèse ? Une fiente… L’oiseau se souvient-il de l’arbre ? Peut-être, à la rigueur, ses petits y sont-ils venus y faire un nid et puis ils sont repartis…

Outre la réincarnation à ma sauce, il y a une théorie que j’aime bien. Imaginez que l’esprit, la conscience de chacun, ne soit pas parfaitement rassemblée autour de son propriétaire, mais qu’il en traîne un peu partout. Imaginez un lieu où tous ces petits parties de consciences humaines se retrouvent attirées et se rassemblent pour former une grosse super-conscience, appelons-là Gaïa. Celle-ci, issue de nous, n’a pas réellement de libre arbitre, mais va dans le sens de ce que veut l’humanité, influençant à son tour l’Evolution, et la Nature. Le jour où celle-ci voudra se détruire, Gaïa disparaîtra. Elle sera peut-être remplacée par la Conscience collective des scorpions, des bonobos, des dauphins ou des rats.