Je ne voulais pas en parler ici, car tout le monde le fait déjà, mais l'image que j'ai vue au journal télé lundi est du plus haut ridicule. Je vous mets en situation.

Plan large sur une campagne verte et vallonée, des arbres, des clôtures, une ferme. Un homme en combinaison de travail sort un caneton d'une caisse en plastique en l'attrappant par les ailes et le plaque sur une table, dans la cour de sa ferme. Il attrape de l'autre main un pistolet à vacciner.

Et là, le plan s'élargit et on voit une vingtaine de journalistes armés de gros téléobjectifs, qui font des centaines de photos du pauvre canard qui est en train de se faire piquer. En plus, tel que je les connais, ils ont dû demander de la refaire plusieurs fois pour avoir une meilleure lumière, un meilleur angle. Pauvre canard qui a dû se faire larder dans tous les sens pour le bon plaisir de ces crétins de journalistes.

Oui, des crétins, ces journalistes. Quel besoin de cette photo : un canard qui se fait vacciner. Et ils prennent tous la même photo. Pas question que le collègue l'ait et pas lui. L'image était vraiment tristement ridicule.

Car cette psychose n'existe que parce que ces crétins l'ont créée et entretenue. Bien sûr, on nous répète que ce n'est pas dangereux pour l'homme, mais on nous a bien rabaché aussi qu'il y avait eu des morts en Asie, en Afrique, à cause de cette maladie. On nous a bien fait flipper en montrant sur de belles cartes, l'évolution géographique de la maladie qui se rapproche de nous. On nous a bien fait mariner quand un éleveur européen tombait malade, avant que les examens démentent sa maladie. On nous a bien inquiété en disant qu'il serait possible que le virus mute pour se propager à l'homme, qui pourrait le transmettre. Si il mute. Peut-être. Si on a de la chance.

Au passage, le coup des oiseaux migrateurs est quand même un peu louche. La migration s'effectue du sud au nord, puis du nord au sud, pas d'est en ouest, comme le montre l'évolution en question. Bizarre, non ?

Plus tard, on nous a bien fait suer à dire qu'on a repéré un pigeon, un canard, que sais-je encore, qui était mort. A ben non, zut, c'était pas ça. Evidemment, des volatiles, il en meurt tous les jours.

Depuis quelques jours, ouf, ça y est, ils en ont trouvé qui l'ont en France. Alors on y va, on ne parle plus que de ça. Même la traque du chef de gang de sauvages qui a tué un homme après avoir essaye de le rançonner, est passée au second plan.

J'imagine les pauvres gens qui habitent dans la région de Joyeux, dans le Doubs. Déjà, un village avec un nom pareil, il fallait le trouver. J'imagine les journalistes qui n'ont rien à se mettre sous la dent (évidemment, allez interviwer un canard, vous), interroger les gens de la commune, le maire, le boucher, la petite vieille qu passe : "Alors vous êtes au courant du canard qui est mort chez vous ?" ; " Quel canard ?".

Crétins.

Moi qui ait un certain âge, je me souviens il y a une trentaine d'années, de panneaux dans les forêts, avertissant de ne pas toucher d'animaux suspects, surtout les renards ou les chiens errants, car la rage se répandait. Mais les gens n'avaient pas peur, ils se méfiaient et étaient prudent, c'est tout.

Aujourd'hui, on en arrive au point où les gens suspectent les autorités de mentir sur la non-gravité de la grippe pour l'homme, même sur un poulet cuit. Et voilà les élevages flingués par la connerie des médias.

De plus, maintenant, voilà qu'on découvre que d'autres animaux mangent les cadavres d'oiseaux ! Mince alors. Il va falloir mettre tous les carnivores en quarantaine aussi, interdire le passage des oiseaux migrateurs, filtrer l'air, tamiser et désinfecter la terre où les cadavres sont tombés. Et les insectes nécrophages ? Il faut les vacciner aussi ?

Mais quand est-ce que ces crétins de journalistes vont comprendre que le matraquage fout la frousse aux gens ? Et quand est-ce qu'il y en aura qui auront enfin un peu de talent pour nous proposer de vrais sujets, voire un angle différent sur un sujet connu ?

Le pire, c'est que des journalistes avec du talent, il y en a certainement beaucoup. Mais ce sont les rédacteurs en chef des journaux qui n'en veulent pas. Ils veulent ce qui fera trembler les foules. Et les journaux télé, dans le genre, sont les pires. L'image doit être choc.

Répétons-le : aucune vie ne résiste à la cuisson d'un four ou d'une poële, que ce soit la vôtre, celle d'un poulet vivant (quelle idée de mettre un poulet vivant au four ?), d'une bactérie ou d'un virus.

Alors, mangez du poulet, du canard, de la dinde ! Si le poulet du supermarché était infecté, à votre avis, qui serait le premier touché ? Parce qu'il y en a, du monde, qui l'a manipulé le poulet, avant qu'il arrive dans l'assiette : l'éleveur, les ouvriers, le boucher qui l'a tué, celui qui l'a vidé, déplumé, ficelé, mis en barquettes, stérilisé. Ben oui, stérilisé, c'te bonne blague ! On ne met pas d'aliment à la vente sans un minimum de précautions.

En plus les prix baissent, on voit des grands magasins faire des promos "Deux pour le prix d'un".

Bon appétit.