La fin du héros

De l'endroit où il se trouvait, plusieurs rues partaient devant lui. Dans chacune d'elles, un triple rang de chaînes en bronze, fixées au nombril des Dieux Patæques, s'étendait d'un bout à l'autre, parallèlement : la foule était tassée contre les maisons, et, au milieu des serviteurs, des Anciens se promenaient en brandissant des lanières.

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La bataille des éléphants

Mais un cri, un cri épouvantable éclata, un rugissement de douleur et de colère : c'étaient les soixante-douze éléphants qui se précipitaient sur une double ligne, Hamilcar ayant attendu que les Mercenaires fussent tassés en une seule place pour les lâcher contre eux ; les Indiens les avaient si vigoureusement piqués que du sang coulait sur leurs larges oreilles. Leurs trompes, barbouillées de minium, se tenaient droites en l'air, pareilles à des serpents rouges ; leurs poitrines étaient garnies d'un épieu, leur dos d'une cuirasse, leurs défenses allongées par des lames de fer courbes comme des sabres, - et pour les rendre plus féroces, on les avait enivrés avec un mélange de poivre, de vin pur et d'encens. Ils secouaient leurs colliers de grelots, criaient ; et les éléphantarques baissaient la tête sous le jet des phalariques qui commençaient à voler du haut des tours.

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La rencontre

Mâtho n'entendait pas ; il la contemplait, et les vêtements, pour lui, se confondaient avec le corps. La moire des étoffes était, comme la splendeur de sa peau, quelque chose de spécial et n'appartenant qu'à elle. Ses yeux, ses diamants étincelaient ; le poli de ses ongles continuait la finesse des pierres qui chargeaient ses doigts ; les deux agrafes de sa tunique, soulevant un peu de ses seins, les rapprochaient l'un de l'autre, et il se perdait par la pensée dans leur étroit intervalle, où descendait un fil tenant une plaque d'émeraudes, que l'on apercevait plus bas sous la gaze violette. Elle avait pour pendants d'oreilles deux petites balances de saphir supportant une perle creuse, pleine d'un parfum liquide.
Par les trous de la perle, de moment en moment, une gouttelette qui tombait mouillait son épaule nue. Mâtho la regardait tomber.

Le Vaisseau

Le vaisseau

Naviguant dans l’incommensurable univers,
Filant vers sa très lointaine destination,
Tournant à peine pour éviter la collision,
Un point se meut, aussi vite que la lumière.

Les deux passagers de ce vaisseau d’une autre ère,
En léthargie, attendent leur résurrection.
L’ordinateur les surveille, sans réaction,
Pour ouvrir à l’arrivée les cercueils de verre.

Jamais les voyageurs ne se sont réveillés.
Car les habitants de la planète visée
Détruisirent le vaisseau, pourtant sans danger.

Ainsi, à cause de la peur de l’inconnu,
Bêtement moururent ces étrangers venus
Apporter sur la Terre un message de paix.

(1981)