Dès que je suis arrivé, j'ai vu que ce serait difficile de circuler sans accroc. Effectivement, dès que je me suis engagé, j'ai vu qu'il fallait louvoyer, freiner, reculer pour laisser passer, repartir à fond de train, se mettre sur le côté pour laisser passer ceux qui veulent aller plus vite...

Au début, on reste poli et aimable, mais très vite, on en vient à vouloir transgresser les règles établies : se garer n'importe où, même en plein milieu du passage, boucher la circulation, forcer le passage, remonter des sens uniques, tourner sans prévenir, heurter tout le monde...

Jusqu'à ce qu'arrive ce qui devait arriver : l'accident.

Je circulais tranquillement sur ma voie. Bon, je ne faisais pas spécialement attention aux autres, mais celui-là a déboulé d'un seul coup. Déjà, je commençais à avoir un problème avec une roue qui faisait un drôle de bruit et ça m'agaçait. En plus, je téléphonais à ma femme à ce moment-là pour savoir ce qu'on mangeait ce soir. Si, j'ai le droit !

C'est vrai qu'il venait de ma droite, donc, il avait en quelque sorte la priorité. Mais vu la vitesse à laquelle il allait, il m'était impossible de le voir arriver et encore moins de l'éviter.

Il m'a percuté.

Le choc fut violent, assez pour que je recule et qu'il soit décalé sur sa droite. Sur le moment, je suis resté un peu interloqué, puis j'ai regardé s'il y avait des dégâts. Apparemment, rien de grave. L'autre n'était pas très content, mais il se calma assez vite. Il s'excusa, puis, d'un air goguenard, proposa un constat. Je refusai. Il repartit après m'avoir salué et continua son chemin sans autre forme de procès.

C'est vrai que c'est une plaisanterie commune, que de dire qu'on avait la priorité quand on se rentre dedans. Par contre, il suffit qu'on en touche un autre, pour que son propriétaire s'offusque comme d'un crime de lèse-majesté. Pas toucher.

Pfff... C'est qu'un caddy, qu'on emprunte quelques heures dans le supermarché...