Le new-yorkais est-il représentatif de l'américain moyen ? L'américain moyen existe-t-il ? J'ai tendance à penser que dans un aussi grand territoire, entre celui de la côte est, celui de la cote ouest, celui du Texas, celui du Wisconsin, il y a autant de différences qu'entre différents pays d'Europe. L'habitant de Washington peut-il parler de ce que pense toute l'Amérique ?

Dire que je n'aime pas les Etats-Unis serait un peu réducteur. L'un de mes grands principes de vie est de considérer qu'il y a dans chaque catégorie de la population des cons, des gens intelligents, des ignares et des cultivés, des gentils et des méchants, etc.

Qu'est-ce que j'aime aux USA ? Bon.

J'aime le rock & roll, mais c'est un peu facile et puis il y en a aussi beaucoup d'anglais. En plus, si on voulait pinailler, on pourrait dire que le rock vient du blues qui vient des negro spirituals chanté par les esclaves noirs, qui viennent d'Afrique.

J'aime beaucoup, mais vraiment beaucoup le pays que les américains ont la chance d'habiter. Le décor, je veux dire, en-dehors des villes. Je rêve d'aller visiter le parc du Yellowstone. J'aimerais voir le désert du Névada, le Grand Lac Salé, les Rocheuses, le Colorado, le Montana en hiver.

J'admire l'esprit d'entreprise américain, l'esprit pionnier et conquérant, malheureusement trop souvent motivé par le seul appât du gain. Les américains vivent dans le souvenir de cette conquête de leur territoire (prise au détriment de ses premiers habitants, mais o tempora o mores, quoique).

J'aime qu'on puisse considérer que quiconque est capable de réussir. Je souffre un peu trop de l'aristocratie française, qu'on retrouve en entreprise et contre laquelle je ressortirait bien la guillotine. Le Roi-Soleil et sa cour, je connais. Ca se retrouve aussi au gouvernement où on voit des hommes politiques issus d'une certaine noblesse qui ne connaisse rien au peuple, qui s'étonnent que le métro pue et qui pensent faire des lois bonnes pour tout le monde, mais ne daignent pas les leur expliquer sous prétexte qu'ils ne comprendrait pas. C'est comme ça qu'on a dit "Non" à l'Europe et qu'on risque de sortir un Ministre et son CPE. Bref, aux USA, je serais probablement ingénieur et non petit scribouilleur au service de leurs altesses créatrices.

Je ne comprend pas le côté écolo quand même qui leur a permis de préserver leurs territoires sauvages et leur côté pollueur et je m'en foutiste.

Je n'aime pas les grandes villes américaines. Les buildings immenses devant lesquels les citadins s'extasient, me donnent plus envie de gerber et de m'enfuir. Déjà, je ne peux pas supporter la Défense, alors...

Je n'aime pas les grosses voitures démesurées qui consomment comme des trous. Ce n'est vraiment plus d'actualité et ça ne sert plus à rien.

Je n'aime pas le puritanisme qu'on voit d'ici (et je précise bien que je n'en connais que la vision que j'ai d'ici). Ce qui fait qu'une femme en entreprise ne peut pas mettre de décolleté ni s'habiller sexy sans être accusée de provocation et qu'un homme qui drague au bureau peut être accusé de harcèlement. Je n'aime pas que la religion soit si intimement mélangée avec l'Etat, mais ça doit être ma culture françaire et révolutionnaire qui fait ça. Moi, je trouvais bien de pouvoir choisir sa religion, vu que chez nous elle n'est pas dans la Constitution. Oui, je sais que le premier amendement laisse libre choix à chacun de sa religion.

Je n'aime pas qu'on doive tous les matins en classe chanter l'hymne national la main sur le coeur et le regard sur le drapeau. Comment font les enfants étrangers ?

Je n'aime pas qu'on puisse enseigner à l'école une conception du monde basée sur la Bible prise au premier degré.

Je n'aime pas qu'un américain puisse penser qu'apprendre une langue étrangère ne serve à rien. D'abord, les étrangers n'ont qu'à apprendre l'anglais. Ensuite, il n'en aura probablement pas besoin dans sa vie. Comment savoir ce que fera un gosse de 12 ans quand il sera adulte ?

Je n'aime pas le second amendement que je trouve anachronique. Avoir le droit de porter des armes me semble une aberration. Si elle se justifiait du temps des pionners, ce n'est plus le cas aujourd'hui et aucune bonne utilisation ne peut être mis en avant. Si on l'utilise pour se défendre, c'est bien parce que d'autres les utilisent pour attaquer. Sans arme, pas d'attaquant. Ou beaucoup moins en tous cas.

Je n'aime pas cet esprit de maître du monde. Combien de fois j'ai vu et entendu des américains être persuadés que leur pays était le meilleur du monde, que les autres étaient arriérés et qu'il était normal qu'ils dirigent et policent la planète. Cet esprit transparaît toujours dans les films hollywoodiens où les américains sauvent régulièrement le monde. Quand les extraterrestres débarquent, c'est forcément en Amérique.

Bien sûr, le Français aussi est fier de lui, peut-être même un peu trop selon les autres pays. Il est surtout fier de son histoire mouvementée, de ce pays qui fut à certaines époques un phare et un meneur, même si d'autres pays ont eu eux aussi leur moment de gloire. L'Espagne, le Portugal, l'Angleterre, l'Autruchon Gris, la Sainte Russie, l'Italie et l'Empire Romain, la Grêce, Constantinople, et que sais-je encore. La vieille Europe.

Bien sûr, les USA ont de gros moyens, à la mesure de leur territoire, de leur population qui entraîne forcément une grande richesse. Alors, évidemment, ils ont une grosse armée et ils sont leader dans l'Espace. Facile avant autant de fric.

Je n'aime pas le libéralisme américain, mais si je crois bien que je n'ai probablement pas tout compris à ce qu'il veut dire. Je n'aime pas la course au fric. D'ailleurs je n'aime pas le fric, même si je suis content d'en avoir un peu. Mais je pisse sur les boursicoteurs, les golden boys et les milliardaires qui n'en ont jamais assez.

Voilà, je ne peux pas parler vraiment du mode de vie américain, vu que je ne le connais pas assez et qu'encore une fois, il doit considérablement différer selon les états et les environnements.

Maintenant, on peux toujours parler des défauts de la vie sociale américaine ou de la France. Mais on peut aussi prendre n'importe quel pays et on y trouvera des choses à prendre en exemple et d'autres en défaut. En ce moment, il semblerait que le Canada serait pas trop mal à imiter.

Allez, Superfrenchie, j'ai écrit ce long billet surtout pour toi. J'espère avoir dissipé certaines incompréhensions, mais je suis sûr de ne pas avoir encore tout dit. Je rajouterai dans les commentaires quand ça me reviendra.

J'aimerais aussi que mes lecteurs français de passage s'expriment également, de même que ceux qui ne sont ni américains, ni français, il y en a plein. Allez, la Belgique, c'est vachement mieux !