Tu as serré les grips, reculé les fesses derrière la selle et laissé filer le vélo. Le chemin est sans piège et tu as de la visibilité, suffisamment pour aborder les virages sans trop freiner. Ne te crispes pas sur les pédales, décontracte-toi, desserre les dents, relache les biceps. Regarde filer les arbres qui devraient être immobiles. Regarde sauter les rais de solei dans les trouées des frondaisons. Regarde ce rocher noir qui court près de toi. Gloups, un sanglier ! Il a du avoir peur, il a couru parallèlement au chemin et a bifurqué à droite. Oups, une petite bosse, tu l'amortis pour ne pas décoller et garder le contrôle. Puis tu sautes la barre anti-ravinement et prends le virage en t'appuyant sur le talus de gauche, les suspensions écrasées à fond, le vélo rebondit et repart comme une balle au milieu du chemin. La barrière annonce la fin de la descente. Tu croyais être le premier, mais il y en a déjà deux qui t'attendent, l'air narquois.
N'empêche, elle valait le coup, cette petite descente !