> Avec un cercle en plastique on appuie dessus ça sort ça fait porte-gobelet

Encore le gars qui m'énerve tellement il écrit bien. Je suis jaloux de tous ces mecs-là dont je n'ai pas le talent. Des chansons à texte, presque parlées, mais avec de petites mélodies. Quelque part, ça me fait un peu penser à Renaud qui serait petit bourgeois. Les rimes sont parfois approximatives, le nombre de pieds aussi, mais on s'en fout, il dit ce qu'il faut et les mots sont là, recherchés. Ca fait du bien d'entendre un chanteur qui aime la langue pour une fois. On sourit, on rigole, on a une petite larme.

Bon, il a des torts, il t'a trompée c'est vrai
Avec ta mère, d'accord mais ramène pas tout à toué

Si la mélodie n'est pas primordiale, il y a tout de même des refrains qu'on fredonne, des phrases qui coulent et qu'on aime répéter. Ca doit être ça des phrases-cultes. Et puis derrière, l'orchestration est très belle. Chaque chanson se distingue des autres souvent par un instrument spécifique : un accordéon, un violon qui pleure, un synthé, une scie musicale... des musiciens se sont fait plaisir.

Mon p'tit coeur, mon p'tit chat
Mon trésor, mon petit rat
Ma p'tite fouine, ma p'tite teigne
Ma sardine, ma Sardaigne
Mon sagouin, mon trois fois rien
Merci qui ? merci mon chien !
Mon soleil, mon bouquet de roses
Mon orteil, ma boîte de douze

Tiens ses mots d'amour répétés avec un choeur de voix acidulées me font penser à ceux d'Anaïs (Mon coeur, mon amour).

Mais surtout, Bénabar, c'est notre copain à tous. Enfin, à moi, vous je ne sais pas. J'ai l'impression d'avoir moi aussi vécu la recherche de la fiesta, entassés à six dans une petite voiture, celui qui se fait larguer, celui qui n'ose pas appeler trop tôt une fille qu'il a rencontrée. Il se paye même le luxe de chanter à la première personne en se mettant dans la peau d'une femme et pas la plus belle, pas la star, non, plutôt l'oubliée, qui cherche les hommes mais que les hommes n'aiment qu'un soir.

Profitons du beau temps avant l'averse
Elle tue le temps avant l'inverse.

Et puis l'originalité. « La station Mir » est un bijou, une autre façon de voir la planète, d'en haut, avec le recul, le blues de l'astronaute. Le « zoo de Vincennes » est tellement vrai, raconte la tristesse de cet endroit.

Je voulais quitter la Terre mais maintenant je la regrette
J'ai pas le mal du pays, j'ai le mal de la planète

Le seul défaut ? Si vous rentrez ce disque dans le lecteur de votre ordinateur, un petit truc démarre tout seul et demande à se connecter sur le site de Bénabar, mais en demandant auparavant nom, prénom, email, adresse, date de naissance. Du coup, je ne sais pas ce qu'il y a derrière. Dommage que lui qui se moque de la société, ait accepté de céder aux affres du marketing...